L'histoire dingue de la création de Airbnb !

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Illustration L'histoire dingue de la création de Airbnb !
27 Juin 2023 oeil2623 vues chrono7 min

Il s’appelle Brian.

Il a dans la vingtaine.

Il se dit qu’il a envie de créer, d’entreprendre quelque chose.

Ce n’est pas pour rien qu’il suit des études de designer.
Il y a de la créativité qui sommeille en lui.

Peut-être qu’il tient ça de son père.
 

Car sa mère lui dit de trouver un job.
La sécurité de l’emploi avant tout, et des avantages qui vont avec.

Puis les artistes, sa mère n’aime pas trop, ça résonne précarité chez elle.

Alors Brian écoute sa mère.
Qui peut lui en vouloir.

De fait, il commence par bosser au service des projets des autres.

C’est pas mal ce qu’il fait.
Il faut dire qu’il est talentueux.

Puis un jour, un déclic.

Il a gagné en maturité.
Il se détache petit à petit du cocon familial.
Il va être temps de prendre son envol.

Sûrement par peur d’être rattrapé, il quitte tout du jour au lendemain, sans crier gare.

Départ pour San Francisco.
Une convention pour les designers s’y tient.

C’est la bonne excuse, notamment pour sa maman.

Sauf que les loyers à SF, ce ne sont pas les mêmes que dans sa bourgade.

Et là, sans emploi, il faut trouver une solution.

Heureusement, il a l’esprit créatif.


On est en 2008, en pleine crise financière et immobilière.

Avec son ami colocataire, Brian a l’idée de sous-louer des lits dans ce lieu trop
cher pour eux.

Il monte une première version de site web en une nuit. 

Le site n'est pas très joli, mais c'est fonctionnel.

Avec le recul, on dira qu’il a à ce moment-là les premiers clients d'une longue série.

Puis les réservations continuent.

Tous les hôtels sont occupés pour les gens de passage à SF.

Après tout, il vaut mieux dormir chez un étranger sur un lit d’appoint qu’on ne sait où.


Sur la même période, c’est le boom des start-up dans la Valley.
Au royaume des leveurs de fonds.


Surtout quand on a un début de preuve de concept.

Sauf que le concept en question bouscule un peu les us et coutumes.

Des gens ont du mal avec l'idée de laisser des inconnus dormir chez eux.

C’est dans un café que Brian pitch pour la première fois le projet à ce gars, un
investisseur.

Le gars est attablé et a le bec collé à la paille de son soda.

Les minutes défilent.

C'est normal car Brian est un passionné qui raconte son histoire.

Puis le gars se lève pour aller soulager une envie pressante.

Il ne reviendra pas.

Pas si simple de lever des fonds.

Il tente alors l’incubateur qui a le vent en poupe à la Valley.

Et il est finalement accepté.


Brian apprend quelques concepts à Y Combinator.

Notamment celui de faire tout son possible pour rendre 100 utilisateurs amoureux de son service.

En procédant dans l’ordre.

Commencer d'abord par rendre amoureux 1 utilisateur.

Une fois que c’est fait, s'attaquer au 2ᵉ et voir ce qu'il faut améliorer pour qu'il adore.

Ensuite au 3ᵉ.

Jusqu’à 100.

Cette itération permet de construire une expérience globale.

Ça peut prendre du temps, c’est certain.

Mais à ce qu'on dit, Rome ne s'est pas construite en un jour.

Le principe est ancré : il vaut mieux 100 utilisateurs amoureux que 10 000 moyennement satisfaits.

Quand les gens adorent un produit/service, ils en deviennent ensuite son
département marketing.


Brian expérimente aussi une autre façon de construire son concept.
Il veut donner une expérience 5 étoiles.

C’est son côté designer qui parle.

Mais pour cela, il faut imaginer ce que serait une expérience 6 étoiles.
Puis 7 étoiles.

Puis 8 étoiles.

Puis 9 étoiles.

Puis 10 étoiles.

Jusqu’à en devenir ridicule.

Mais à se forcer à aller loin dans l’imagination, il fait passer le 5
étoiles des autres pour un 3 étoiles à côté du sien.

Son service prend de l’ampleur dans les grandes villes à travers le monde.

Mais certains lobbys ne le voient pas d’un bon œil.

D’habitude, Brian est du genre à éviter les gens qui veulent lui nuire.

Mais là, on lui conseille de les rencontrer.

Car en face à face, c’est toujours plus compliqué d’être malveillant.

Puis il réalise une chose en rencontrant ses détracteurs les uns après les autres.

C'est que finalement, même si les gens clament leurs différences, l'être humain se
comporte bien souvent de la même manière, peu importe d'où il vient.

Et avec cet état d’esprit, il trouve des compromis.

Et fait croitre sa start-up.


Brian est différent des autres fondateurs de startup qui sont plutôt des
ingénieurs.

Il est designer de formation et son regard le pousse à diffuser une culture
d’entreprise plus poétique que la normale.

L’art de raconter des histoires est poussé à l’extrême, ce qui met les aspects fonctionnels au second plan.

Brian prépare une énorme entrée en Bourse.

Mais il se sent mal depuis quelque temps.

Son rêve de startup pas comme les autres est en train de se transformer en
structure comme les autres avec des départements à n’en plus finir.

Sa startup n’est finalement plus si différente des autres.

Et elle se financiarise.

Puis arrive la covid, sans prévenir, juste avant l’entrée en Bourse.

80% du chiffre d’affaires supprimé en 8 semaines.


Brian est scruté, son entreprise compte des milliers d’employés.


Mais en temps de crise, tous les yeux sont rivés vers le leader.

Il découvre que son mental est sa plus grande force.

Si son regard flanche, sans dire mot, les autres comprendront.

Et la confiance se volatilisera.

Il prend la posture de l’optimiste.
Mais en étant conscient que des décisions doivent se prendre.

Il n’y a jamais de bonne décision en temps de crise.

Sur quelles données se fier quand 80% de ton business prend l’eau.

Il se tourne alors vers ses principes fondamentaux qui vont guider les
centaines de décisions à venir.

Se rappeler d’où on vient, le retour aux sources.

Plusieurs réunions en vase clos avec sa garde rapprochée et ses investisseurs suivront.

Après plus d’une décennie de croissance, vient le temps de reconstruire pour
éviter l’effondrement général.

Coupe dans les effectifs.

Réduction drastique des salaires des cadres.

Gel des frais en marketing.

Relation presse à gogo. Communiquer, c’est une partie du chemin pour
rassurer l’opinion.

Restructuration totale des divisions vers plus de centralisation. 

Moins d’éclatements, moins de strate, moins de manager, plus d’agilité.

Sa prémonition d’avant pandémie était bonne. Il est revenu aux fondamentaux: penser de manière globale, en collectif.

Les équipes design, produit, technique et marketing doivent collaborer
ensemble et arrêter de jouer pour leur propre intérêt.

Ce que par déviance en grossissant la majorité des structures deviennent.

Depuis cette restructuration, sa marge est à 40%.

Elle n’a jamais été aussi élevée.

Et pourtant, il jure que l’argent n’est pas son obsession.

Il a l’obsession du détail pour rendre chaque action la plus efficiente.

Maintenant, Brian CHESKY a la quarantaine.
Et il est toujours CEO et co-fondateur d’AirBnb.*


Texte inspiré de son interview à Standord en mars 2023

 *Airbnb est l'abréviation littérale de "Matelas gonflable et petit-déjeuner"


Auteur : Guillaume Dupuis